IA Génératives

ChatGPT sort sa carte bleue : l’IA passe à l’achat en ligne

Depuis son lancement, ChatGPT a progressivement élargi son champ d’action : d’assistant conversationnel à outil de rédaction, de recherche et de planification. Mais une nouveauté marque un véritable tournant : la possibilité pour l’IA de réaliser des achats en ligne et d’effectuer des paiements pour le compte de l’utilisateur. Avec la fonctionnalité Instant Checkout, OpenAI introduit pour la première fois un service transactionnel intégré. L’utilisateur peut commander un produit ou un service sans quitter le chatbot. Une fois la validation effectuée, un agent d’intelligence artificielle se charge de compléter la transaction auprès du vendeur. Cette évolution transforme ChatGPT en véritable assistant acheteur, tout en ouvrant à OpenAI une nouvelle source de revenus grâce à une commission prélevée sur chaque transaction réussie.

La promesse est simple : demander à ChatGPT d’acheter un billet d’avion, de renouveler un abonnement ou de commander un produit, et laisser l’IA s’en charger intégralement. Concrètement, cette capacité repose sur l’intégration de protocoles bancaires sécurisés et d’API e-commerce. Avec Instant Checkout, l’utilisateur reste dans l’environnement conversationnel du chatbot, ce qui simplifie considérablement l’expérience.
Les premières expérimentations se concentrent sur des sites partenaires, où la fiabilité et la traçabilité sont garanties. Selon une enquête de Gartner, 45 % des consommateurs déclarent qu’ils seraient prêts à déléguer certains achats récurrents à une IA, à condition que la sécurité soit assurée1.

Les applications envisagées sont multiples et touchent à des besoins très quotidiens :

  • Billets et voyages : réserver un vol ou un trajet de train par simple requête, sans passer par une interface complexe.
  • Courses et commandes en ligne : ajouter automatiquement des produits récurrents à un panier et finaliser l’achat.
  • Services et abonnements : renouveler automatiquement un forfait mobile, un service de streaming ou un espace cloud.

Une étude de McKinsey estime que l’automatisation de tâches répétitives, comme l’achat récurrent, pourrait générer un gain de productivité équivalant à 2 600 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale2. Dans ce contexte, les assistants transactionnels comme ChatGPT deviennent un levier d’efficacité mais aussi un facteur de transformation des habitudes de consommation.

L’émergence d’une telle fonctionnalité suppose des transformations importantes dans l’écosystème des métiers du numérique.

  • Pour les développeurs et spécialistes e-commerce : maîtriser l’intégration d’API bancaires et la sécurisation des paiements devient central.
  • Pour les experts en cybersécurité : il s’agit d’anticiper les vulnérabilités qu’un agent autonome pourrait introduire dans les chaînes de paiement.
  • Pour les professionnels de la relation client : l’IA modifie les parcours d’achat, ce qui implique de redéfinir les points de contact avec les consommateurs.

En 2024, l’OCDE signalait déjà que 27 % des entreprises européennes identifiaient un déficit de compétences en IA appliquée au commerce numérique3. De nouvelles expertises émergent donc, notamment autour de la régulation des agents transactionnels, capables de vérifier la conformité, la transparence et la responsabilité des achats effectués par une intelligence artificielle.

L’automatisation de l’acte d’achat par une IA ouvre des perspectives tangibles :

  • Avantages : gain de temps, simplification extrême des démarches, fiabilité accrue dans le traitement des abonnements et meilleure personnalisation des choix.
  • Limites : perte de contrôle direct sur les transactions, risque de mauvaises interprétations des intentions d’achat, exposition accrue aux biais algorithmiques ou à des failles de sécurité.

Une étude d’IBM (2024) révèle que 40 % des utilisateurs restent réticents à confier leur carte bancaire à une IA sans garanties fortes de transparence et de contrôle4. Ces chiffres montrent que l’adhésion des consommateurs dépendra de la capacité des concepteurs à instaurer un cadre clair de gouvernance.

Déléguer un paiement à une intelligence artificielle pose d’emblée une question de responsabilité. En cas d’achat erroné, qui est juridiquement responsable ? L’utilisateur, qui a donné son accord initial, ou l’éditeur de l’IA, qui a exécuté l’acte ?
Le droit de la consommation européen impose des obligations précises en matière de consentement et de rétractation. L’intégration de ChatGPT comme agent d’achat devra donc s’adapter à ces contraintes légales.

Sur le plan éthique, la délégation d’un acte aussi sensible que le paiement interroge la souveraineté numérique individuelle. Une étude de l’European Consumer Organisation indique que 55 % des citoyens européens craignent une « perte de contrôle » lorsqu’une IA prend des décisions économiques en leur nom5. L’enjeu est donc de trouver un équilibre entre automatisation et préservation de l’autonomie de l’utilisateur.

À mesure que cette capacité s’affine, ChatGPT pourrait devenir bien plus qu’un simple acheteur virtuel. Demain, il pourrait gérer un portefeuille financier, optimiser des abonnements, comparer les prix en temps réel ou même négocier des remises. Le rôle de l’IA basculerait alors de l’exécution vers la stratégie financière personnelle.
Pour les métiers liés au commerce et à la finance, cela implique une réorganisation des compétences et des pratiques. Les professionnels devront non seulement maîtriser les outils d’IA transactionnelle, mais aussi encadrer leur usage par des garde-fous techniques, éthiques et réglementaires.

Avec Instant Checkout, ChatGPT sort véritablement sa « carte bleue » et franchit un cap symbolique. L’IA devient capable de traduire une intention en un acte économique, bouleversant la frontière entre assistance et action. Ce pas vers l’autonomie transactionnelle ouvre un champ d’opportunités considérable, mais aussi de responsabilités inédites. La question reste entière : accepterons-nous demain qu’une intelligence artificielle gère nos finances avec la même confiance que nous accordons à une banque ou à un conseiller humain ?

Dans le même sujet, retrouvez notre article sur : Discuter avec l’IA, sans parler : la nouvelle ambition de Musk avec Neuralink

1. Gartner. (2023). Consumer Trust in AI Assistants.
https://www.gartner.com

2. McKinsey. (2023). The State of Consumer Automation.
https://www.mckinsey.com

3. OECD. (2024). AI Skills and Digital Commerce in Europe.
https://www.oecd.org

4. IBM. (2024). Trust in AI Transactions Report.
https://www.ibm.com

5. BEUC. (2024). Consumers and Artificial Intelligence: Trust, Control and Regulation.
https://www.beuc.eu

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