Vers une nouvelle génération d’agents intelligents
Depuis l’émergence des grands modèles de langage, l’intelligence artificielle conversationnelle a progressé rapidement en matière de compréhension, de génération et d’interactivité. Mais jusqu’à présent, les assistants comme ChatGPT, Claude ou Gemini restaient limités à un rôle d’interlocuteur, sans pouvoir agir directement dans un environnement numérique.
Avec le lancement de ChatGPT Agent, OpenAI franchit une étape importante. Il ne s’agit plus seulement d’un outil conversationnel, mais d’un agent autonome capable de planifier des actions, de les exécuter dans un environnement virtuel sécurisé et d’apprendre des résultats obtenus. Autrement dit, un système en mesure d’interagir avec des logiciels, des fichiers ou des API sans supervision humaine constante.
Ce changement stratégique intervient dans un contexte de forte concurrence. En 2024, plus de 45 % des professionnels du numérique déclaraient utiliser un assistant IA dans leur travail quotidien, mais seulement 12 % avaient recours à des agents capables d’effectuer des actions autonomes1. La demande pour des systèmes plus opérationnels, capables d’agir, croît rapidement.
ChatGPT Agent, un ordinateur virtuel au service de l’automatisation
Contrairement aux versions précédentes de ChatGPT, cette nouvelle déclinaison s’appuie sur un espace de travail virtuel (sandbox) dans lequel le modèle peut enchaîner des actions, interagir avec des fichiers, utiliser des outils comme un navigateur, un éditeur de texte ou un terminal, et surtout planifier plusieurs étapes pour atteindre un objectif.
ChatGPT Agent peut désormais exécuter un script, lire les résultats, les interpréter et réajuster sa démarche si nécessaire. Cette logique de boucle perception-action s’inspire des travaux sur les agents cognitifs et rapproche l’IA générative d’une IA d’exécution.
OpenAI précise que ce fonctionnement est strictement encadré, l’environnement est isolé du système de l’utilisateur afin de garantir la sécurité, la confidentialité et la traçabilité des actions réalisées.
Des cas d’usage orientés productivité
Les fonctionnalités de ChatGPT Agent ouvrent de nouveaux cas d’usage, notamment dans les domaines suivants :
- automatisation de tâches numériques comme le tri de fichiers, la génération de rapports ou la mise à jour de bases de données
- interaction avec des services tiers (emails, APIs, outils de gestion de projet)
- analyse de données via l’importation de fichiers et l’utilisation de scripts
- programmation assistée, correction de bugs, génération de documentation
- synthèse d’informations issues de différentes sources, avec production de livrables opérationnels
Selon les premiers tests réalisés en laboratoire par OpenAI, ChatGPT Agent serait capable de compléter certaines chaînes d’actions en moyenne 30 % plus vite qu’un humain entraîné pour des tâches de manipulation de fichiers simples2.
Des limites techniques à ne pas négliger
Malgré ses avancées, ChatGPT Agent présente encore plusieurs limites :
- planification parfois imprécise, notamment dans les scénarios multi-étapes
- fragilité face à l’imprévu, erreurs de données ou d’exécution
- besoin de supervision humaine, notamment pour valider certaines décisions critiques
- risque d’interprétation ambiguë des instructions formulées en langage naturel
En avril 2025, un rapport du Stanford Center for Research on Foundation Models indiquait que les agents IA réussissaient en moyenne 48 % des tâches complexes impliquant plusieurs étapes, mais chutaient à 33 % en l’absence d’aide ou de clarification3.
Enjeux éthiques et réglementaires
L’émergence d’agents capables d’agir dans des environnements numériques pose plusieurs questions majeures :
- responsabilité des actions exécutées par l’agent
- encadrement juridique des permissions et des capacités techniques
- exigences de transparence sur les décisions prises par la machine
- prévention des usages abusifs ou non souhaités
Ces préoccupations rejoignent les réflexions portées par l’Union européenne dans le cadre de l’AI Act, qui identifie les systèmes autonomes à capacité d’action comme des IA à haut risque. À l’échelle européenne, près de 61 % des répondants à une consultation publique de 2024 se disaient favorables à une régulation stricte des agents IA pouvant modifier des systèmes ou accéder à des données4.
Une convergence entre langage, action et autonomie
Avec ChatGPT Agent, OpenAI ne se limite plus à la génération de texte mais amorce une convergence entre compréhension, planification et exécution. Cette évolution ouvre la voie à de nouvelles formes d’intelligence numérique, capables non seulement de produire du contenu mais aussi d’agir dans un cadre structuré.
Cette innovation pourrait transformer les usages professionnels, éducatifs et organisationnels. Elle soulève aussi des questions fondamentales sur la gouvernance des systèmes autonomes, la responsabilité partagée et la place de l’humain dans la boucle décisionnelle.
Pour aller plus loin
Retrouvez aussi sur notre blog ChatGPT introduit les connecteurs : vers une IA intégrée aux outils métiers, un article qui explore comment l’écosystème OpenAI évolue vers des agents plus autonomes et connectés aux applications professionnelles.
Références
1. McKinsey & Company. (2024). The State of AI in 2024.
https://www.mckinsey.com/
2. OpenAI. (2025). Introducing ChatGPT Agents: Early Results and Capabilities.
https://openai.com/
3. Stanford CRFM. (2025). Evaluating the Performance and Limitations of Autonomous AI Agents.
https://crfm.stanford.ed/
4. European Commission. (2024). AI Act Public Consultation Results.
https://digital-strategy.ec.europa.eu/