IA Génératives

Castle Walls : la Turquie lance la première série écrite, jouée et produite par IA

Une nouvelle étape vient d’être franchie dans le monde de la création audiovisuelle. La société de production turque Ay Yapim, célèbre pour ses séries diffusées dans plus de 100 pays, a dévoilé la bande-annonce de Castle Walls, la première série télévisée entièrement générée par intelligence artificielle.
De l’écriture du scénario à la composition musicale, en passant par la conception visuelle et le doublage des voix, tout a été produit à l’aide de modèles d’IA collaborant sous la supervision d’équipes techniques humaines.

Cette expérience, inédite à l’échelle d’une production télévisée nationale, marque un tournant dans l’histoire du divertissement. Castle Walls n’est pas un simple projet expérimental : la série sera prochainement diffusée à la télévision turque avant de rejoindre une plateforme de streaming internationale dont le nom n’a pas encore été révélé.

Selon Ay Yapim, Castle Walls est le fruit de la collaboration de plusieurs technologies d’intelligence artificielle, utilisées à chaque étape de la production :

  • Le scénario a été rédigé par un modèle de langage de type GPT, formé sur un corpus de séries turques et internationales.
  • Les visuels (décors, costumes, effets spéciaux) ont été créés avec des IA d’image générative similaires à Midjourney et Runway.
  • Les voix et les mouvements des personnages ont été produits grâce à des modèles de clonage vocal et d’animation réaliste.
  • La musique et le sound design ont été composés à l’aide d’outils de génération audio tels que Suno et Udio.

Chaque épisode aurait nécessité moins de 15 jours de production, contre plusieurs mois pour une série traditionnelle. L’équipe technique d’Ay Yapim explique avoir utilisé un workflow automatisé, orchestré par un système central d’IA baptisé “Cortex”, capable de coordonner les modèles selon les besoins narratifs et esthétiques du projet.

Pour Ay Yapim, cette première série créée par IA représente autant un défi artistique qu’un pari économique. Une production télévisée classique coûte en moyenne entre 500 000 et 1,5 million d’euros par épisode. Grâce à l’automatisation et à la réduction des tournages physiques, Castle Walls aurait été produite à un coût inférieur à 200 000 euros par épisode, selon les premières estimations1.

Cette économie de ressources, combinée à une rapidité de production inédite, ouvre la voie à une nouvelle ère de création audiovisuelle, où les studios peuvent générer des contenus à la demande, adaptés aux goûts des spectateurs et traduits automatiquement en plusieurs langues.

Mais cette révolution soulève aussi des questions. Dans quelle mesure l’IA peut-elle être considérée comme une auteure ? Et comment préserver la valeur du travail humain dans un processus de création automatisé ?

Selon Ay Yapim, Castle Walls raconte l’histoire d’une société futuriste où des intelligences artificielles prennent le contrôle de la création artistique, confinant les artistes humains dans des citadelles numériques appelées “walls”.
La série mêle science-fiction, drame et réflexion philosophique, interrogeant la place de la créativité humaine dans un monde dominé par la technologie.

Cette mise en abyme fait écho à la réalité même de sa production : une fiction sur la domination de l’IA… écrite et animée par l’IA. Les premiers extraits montrent un univers visuel proche de productions comme Blade Runner 2049 ou Altered Carbon, mais avec une esthétique lumineuse et fluide, caractéristique des moteurs génératifs récents.

Avec Castle Walls, la Turquie s’impose comme un acteur avant-gardiste dans le domaine de la production audiovisuelle par intelligence artificielle.
Jusqu’ici, les expérimentations de ce type étaient limitées à des courts-métrages ou à des clips musicaux, comme The Frost de Waymark AI ou Salt de Runway Studios.

Ay Yapim franchit un pas inédit : une série complète, pensée pour la diffusion télévisée, produite en langue turque, traduite automatiquement en plusieurs langues grâce à un modèle multivoix. La société turque prévoit de vendre les droits à l’international dès 2026, notamment en Europe et au Moyen-Orient.

L’annonce de Castle Walls a suscité des réactions contrastées dans le monde audiovisuel.
Certains y voient une démocratisation de la création : les outils d’IA permettent à des studios émergents de produire des œuvres ambitieuses sans budgets colossaux.
D’autres dénoncent un risque de standardisation : des scénarios calibrés, des émotions artificielles et une dilution de la sensibilité humaine dans le processus créatif.

Le réalisateur turc Mehmet Günsür, interrogé par Hürriyet Daily News, déclare :
« L’intelligence artificielle peut accélérer la création, mais elle ne remplacera jamais l’expérience émotionnelle d’un acteur ou d’un auteur humain. Castle Walls est une prouesse technique, mais la question reste : que ressent-on vraiment devant une œuvre sans âme ? »

La série Castle Walls relance le débat sur le statut des œuvres produites par IA.
Qui détient les droits d’auteur d’un scénario écrit par un algorithme ? Comment rémunérer les acteurs dont les voix ou visages ont été clonés numériquement ?

En Turquie comme dans l’Union européenne, les législations sur les œuvres générées par intelligence artificielle restent floues. La Commission européenne a d’ailleurs rappelé, dans un rapport publié en 2024, que « la responsabilité et la transparence doivent demeurer au cœur des processus créatifs automatisés »2.

Pour Ay Yapim, l’objectif est d’utiliser l’IA comme outil d’extension de la créativité humaine, et non comme substitut. La société précise que des scénaristes et ingénieurs créatifs ont supervisé chaque étape pour garantir la cohérence narrative et émotionnelle de la série.

Avec Castle Walls, la Turquie vient d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire télévisuelle mondiale. Cette production marque la première tentative sérieuse de création audiovisuelle 100 % IA, à la fois technologiquement crédible et commercialement viable.

Qu’on y voie une révolution ou une provocation, l’expérience d’Ay Yapim illustre une transformation majeure : la convergence entre algorithmes génératifs et industries culturelles.
Après la littérature, la musique et le design, le cinéma entre à son tour dans l’ère de l’intelligence artificielle.

Une chose est sûre : derrière les murs de Castle Walls, c’est bien l’avenir de la création qui se joue.

Plongez plus profondément dans les enjeux éthiques et artistiques de la création générative avec cet article : L’« effet Ghibli » : une menace pour le droit d’auteur et la vie privée ?
Il explore comment les modèles d’IA bouleversent le droit d’auteur et la créativité, un débat étroitement lié à la production de séries et d’œuvres conçues par intelligence artificielle.

1. Ay Yapim. (2025). Castle Walls Production Report
https://www.ayyapim.com

2. European Commission. (2024). AI and Creative Industries Regulation Draft.
https://digital-strategy.ec.europa.eu

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