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Quand l’intelligence artificielle transforme la pratique du droit : le métier d’avocat à l’épreuve des algorithmes

Le métier d’avocat, pilier du système judiciaire et garant de l’État de droit, traverse une profonde transformation à l’ère de l’intelligence artificielle (IA). Loin d’être cantonnée aux laboratoires technologiques, l’IA investit désormais les cabinets, les tribunaux et les plateformes juridiques. Rédaction automatisée, analyse prédictive, recherche jurisprudentielle assistée : autant de fonctions désormais augmentées par les algorithmes.

Selon une étude de Wolters Kluwer de 20241,

Cette révolution technologique ne remet pas en cause la fonction de l’avocat, mais redéfinit ses modalités, ses outils et ses compétences clés.

L’intelligence artificielle s’intègre dans le quotidien juridique sous forme d’applications précises, ciblées, et de plus en plus répandues :

D’autres domaines émergent :

À mesure que les outils se perfectionnent, les compétences attendues chez les avocats évoluent. Il ne s’agit plus seulement de maîtriser les textes, mais de comprendre, encadrer et utiliser les systèmes qui les interprètent. À l’ère de l’IA, plusieurs compétences deviennent stratégiques :

Selon le LegalTech Report de Gartner (2024)2, plus de 60 % des cabinets d’avocats internationaux recrutent désormais des profils hybrides (juriste + analyste data) pour accompagner la transformation numérique du métier.

Contrairement à une idée reçue, l’intelligence artificielle ne déshumanise pas le droit : elle réinterroge la responsabilité des professionnels, leur capacité à intégrer des technologies dans un cadre éthique et juridique exigeant. Plusieurs chantiers sont en cours :

De nouvelles normes sont en discussion à l’échelle européenne, dans le cadre de l’AI Act, pour encadrer ces usages, avec des exigences spécifiques pour les professions juridiques3.

L’avocat de demain ne sera ni remplacé par l’IA, ni simple utilisateur passif de technologies juridiques. Il deviendra :

Le rôle devient ainsi plus transversal, plus orienté stratégie et gouvernance, avec un ancrage renforcé dans l’interdisciplinarité (droit, data science, éthique).

L’avocat ne sera pas remplacé par une intelligence artificielle. En revanche, il devra impérativement intégrer ces outils, repenser sa posture professionnelle et élargir ses compétences pour rester pertinent dans un environnement de plus en plus numérisé.

Les technologies d’IA permettent d’automatiser les tâches répétitives, d’accélérer la recherche juridique et d’améliorer l’expérience client. Mais elles ne suppriment ni la capacité d’argumentation, ni le discernement éthique, ni la relation humaine, qui restent au cœur de la pratique juridique. C’est dans cet espace que l’avocat « augmenté » peut trouver une nouvelle valeur ajoutée.

La question n’est donc plus : l’IA va-t-elle remplacer les avocats ?, mais plutôt : comment les avocats peuvent-ils redéfinir leur rôle dans un monde juridique automatisé ?

La réponse commence à émerger : en devenant des intermédiaires éclairés entre les systèmes intelligents et les justiciables, les avocats peuvent s’imposer comme des garants de l’équité, des régulations et de la sécurité juridique. À condition d’être formés, proactifs et engagés, ils ont l’opportunité de faire de l’intelligence artificielle un levier de renforcement de l’État de droit, et non un facteur de sa dilution.

1. Wolters Kluwer. (2024). Future Ready Lawyer Survey Report.
https://www.wolterskluwer.com/en/expert-insights/future-ready-lawyer-2024

2. Gartner. (2024). LegalTech Trends for 2024.
https://www.gartner.com/en/documents/legaltech-report-2024

3. Commission européenne. (2024). AI Act Proposal.
https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/european-approach-artificial-intelligence

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