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OpenAI mise gros : 1,1 milliard pour faire passer ses IA au niveau supérieur

Le 29 août 2025, OpenAI a officialisé l’acquisition d’une start-up américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle appliquée aux agents intelligents, pour un montant estimé à 1,1 milliard de dollars. Il s’agit de l’une des plus importantes opérations de croissance externe jamais réalisées par l’entreprise, et de la troisième plus grosse acquisition dans le secteur de l’IA depuis le début de l’année1.

Cette annonce intervient alors qu’OpenAI renforce l’intégration de ses modèles dans des applications pratiques, comme ChatGPT, les GPTs personnalisés, les assistants vocaux ou encore ses outils de productivité embarqués dans Microsoft Copilot. Plus qu’un simple rachat, l’opération symbolise un changement d’échelle pour OpenAI : il ne s’agit plus uniquement de développer des modèles de pointe comme GPT-4 ou GPT-5, mais de maîtriser l’ensemble de la chaîne applicative, de l’infrastructure au déploiement final.

Dans un contexte où les usages de l’intelligence artificielle se généralisent, cette opération soulève plusieurs interrogations : que cherche réellement OpenAI à travers cette acquisition ? Quels impacts concrets sur ses produits, et notamment ChatGPT ? Et quelles implications éthiques peut-on anticiper autour d’IA toujours plus puissantes, autonomes et intégrées ?

Selon les documents déposés auprès de la SEC2  et des sources proches du dossier, OpenAI a finalisé l’acquisition de Multi (anciennement MultiOn), une start-up californienne fondée en 2022, spécialisée dans le développement d’agents IA capables d’interagir avec les applications web comme un utilisateur humain. Multi avait levé plus de 20 millions de dollars auprès d’investisseurs comme General Catalyst et Lightspeed Venture Partners avant d’être rachetée.

Ce rachat à 1,1 milliard de dollars témoigne de la valeur stratégique accordée à l’expertise de Multi en matière d’exécution automatisée de tâches sur des interfaces graphiques, un domaine clé pour faire évoluer ChatGPT d’un modèle conversationnel vers un véritable assistant intelligent exécutable, capable de réserver un billet, répondre à des emails ou naviguer sur un site web à la place de l’utilisateur3.

OpenAI ne cache plus son ambition : transformer ChatGPT en agent IA multi-applicatif, à mi-chemin entre un copilote logiciel et un assistant personnel universel. Cette acquisition permettrait d’accélérer la mise en production de cette vision, en s’appuyant sur une technologie capable d’interpréter les interfaces web, détecter les champs de saisie, cliquer, remplir, exécuter, et ce, de manière générique, sans développement sur mesure.

Avec plus de 100 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur ChatGPT selon OpenAI, l’enjeu est désormais de convertir ce succès en usages concrets, continus et monétisables. En ajoutant une capacité d’action sur le web ou dans des applications tierces, l’agent IA franchit une nouvelle étape : il ne se contente plus de répondre, il agit.

OpenAI pourrait ainsi :

Ce mouvement va dans le sens d’une plateformisation de l’IA, où ChatGPT deviendrait non plus un produit, mais un hub intelligent capable d’interagir avec d’autres logiciels, de s’adapter au contexte utilisateur, et d’apprendre de ses interactions passées. Le tout en s’appuyant sur les modèles GPT-4o ou GPT-5, et sur les infrastructures Microsoft Azure.

Cette montée en puissance des IA autonomes soulève des questions éthiques majeures. Qui contrôle ce que fait l’agent ? À quel moment peut-il agir seul ? Comment garantir qu’il n’exécute pas des actions indésirables ?

Avec une IA capable de cliquer, naviguer et interagir à notre place, se pose la question du consentement numérique et de l’interprétation des intentions. Si l’agent commet une erreur, qui est responsable : l’utilisateur, le concepteur de l’interface ou le fournisseur du modèle ?

Ces préoccupations rejoignent celles soulevées par les régulateurs européens dans le cadre du règlement sur l’intelligence artificielle (AI Act), notamment concernant les systèmes à usage général combinés à des fonctions critiques4.

OpenAI a annoncé que les agents issus de cette acquisition fonctionneront avec des mécanismes de contrôle explicites, des environnements d’exécution limités (sandbox), des journaux d’action, et un système d’autorisations utilisateur renforcé. Mais la gouvernance de ces systèmes, leur auditabilité, et leur impact sur l’autonomie humaine devront faire l’objet d’un suivi attentif.

L’acquisition de Multi à plus d’un milliard de dollars s’inscrit dans une logique d’intégration verticale complète. OpenAI ne se contente plus de développer des modèles de langage, elle cherche désormais à maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur de l’IA générative : recherche fondamentale, infrastructure d’exécution, interface applicative, relation client.

L’entreprise collabore déjà étroitement avec Microsoft pour l’hébergement de ses modèles sur Azure, mais développe aussi ses propres outils (ChatGPT, GPTs, assistants personnalisés, outils de mémoire contextuelle). Avec cette acquisition, elle intègre une brique fonctionnelle stratégique : la capacité pour ses modèles de passer à l’action, dans des environnements logiciels hétérogènes, via une compréhension dynamique des interfaces.

En clair, OpenAI ne se contente plus de produire de l’IA, elle s’équipe pour en piloter les usages, à travers des applications natives, des API intelligentes, et demain, des agents exécutables interconnectés.

Ce mouvement n’est pas isolé. Il répond à la montée en puissance de concurrents comme Google (avec Gemini et ses agents intégrés à Workspace), Meta (avec ses modèles orientés multimodalité), ou encore Anthropic et Amazon. Mais OpenAI frappe un grand coup en absorbant un acteur entièrement tourné vers l’exécution agentique, avec une technologie difficile à développer à l’échelle.

Avec ce rachat, OpenAI ne cherche plus seulement à améliorer la qualité de ses réponses, mais à changer la nature même de l’interaction homme-machine. En couplant modèles de langage, mémoire contextuelle, perception (via vision et audio) et exécution autonome, l’IA devient un assistant proactif, capable d’anticiper et d’agir.

Cette évolution ouvre des perspectives enthousiasmantes, mais aussi des zones de vigilance : comment conserver le contrôle ? Quelle place pour l’erreur, la supervision humaine, l’explicabilité ? Et jusqu’où laisserons-nous une IA « faire à notre place » sans perdre notre autonomie numérique ?

Le rachat de Multi par OpenAI, au prix d’une opération à 11 chiffres, marque une nouvelle étape : celle d’une intelligence artificielle appliquée, intégrée et actionnable, qui redéfinit les frontières entre outil, assistant… et acteur numérique.

Sur ce blog, nous avons déjà exploré l’évolution des agents intelligents et la stratégie d’OpenAI :

ChatGPT Agent : OpenAI introduit une IA capable de planifier, exécuter… et apprendre
OpenAI introduit les “connecteurs” : vers un ChatGPT intégré à l’environnement de travail

1. OpenAI. (2025). OpenAI acquires Multi to accelerate agentic AI.
https://www.mistral.ai/

2. U.S. Securities and Exchange Commission. (2025). Form 8-K: OpenAI Inc. acquisition disclosure.
https://www.sec.gov/

3. CB Insights. (2025). Global AI Deals Report – Q3 2025.
https://www.cbinsights.com/research/report/ai-deals-q3-2025

4. European Commission. (2024). AI Act: Guidelines for high-risk and general-purpose AI systems.
https://digital-strategy.ec.europa.eu/

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